La Cave Lu par Tolkien Glǽmscribe Mathoms Nouveautés
Quenya Sindarin Telerin Qenya Gnomique & Noldorin
Adûnaïque Westron Khuzdul Noir parler Valarin
Vieil anglais – Tolkien Vieil anglais Moyen anglais
Gotique Vieux norrois Finnois Gallois Latin
Clychau Cantre’r Gwaelod
Français
Gallois
Manuscrit

O dan y môr â’i donnau
O dan y môr â’i donnau
Il est sous la mer et ses vagues
Mae llawer dinas dlôs,
Mae llawer dinas dlôs,
Maintes belles cités,
Fu’n gwrando ar y clychau
Fu’n gwrando ar y clychau
Qui écoutaient tinter les cloches
Yn canu gyda’r nôs;
Yn canu gyda’r nôs;
Au venir de la nuit ;
Trwy ofer e#geulu#dod
Trwy ofer esgeulusdod
Par la frivole négligence
Y gwyliwr ar y twr,
Y gwyliwr ar y twr,
Du gardien sur la tour,
Aeth clychau Cantre’r Gwaelod
Aeth clychau Cantre’r Gwaelod
Les cloches de Cantre’r Gwaelod
Ô’r golwg dan y dwr.
Ô’r golwg dan y dwr.
Ont péri sous les eaux.



Pan fyddo’r môr yn berwi,
Pan fyddo’r môr yn berwi,
Quand la tornade est sur la vague
A’r corwynt ar y don,
A’r corwynt ar y don,
Et que la mer bouillonne,
A’r wylan wen yn methu
A’r wylan wen yn methu
Que le blanc goéland ne peut
A di#gyn ar ei bron;
A disgyn ar ei bron;
Se poser sur son sein,
Pan dyr y don ar dywod,
Pan dyr y don ar dywod,
Quand la vague au sable se brise
A tharan yn ei #twr,
A tharan yn ei stwr,
Et le tonnerre éclate,
Mae clychau Cantre’r Gwaelod
Mae clychau Cantre’r Gwaelod
Les cloches de Cantre’r Gwaelod
Yn ddi#taw dan y dwr.
Yn ddistaw dan y dwr.
Se taisent sous les eaux.



Ond pan fô’r môr heb awel,
Ond pan fô’r môr heb awel,
Mais quand la mer n’a point de brise
A’r don heb ewyn gwyn,
A’r don heb ewyn gwyn,
Ni la vague d’écume,
A’r dydd yn marw yn dawel
A’r dydd yn marw yn dawel
Et que le jour cède tranquille
Ar y#gwydd bell y bryn,
Ar ysgwydd bell y bryn,
Au loin sur la colline,
Mae nodau pêr yn dyfod,
Mae nodau pêr yn dyfod,
Il arrive de douces notes.
A gwn yn eithaf #iwr
A gwn yn eithaf siwr
Ce sont, j’en suis bien sûr,
Fod clychau Cantre’r Gwaelod
Fod clychau Cantre’r Gwaelod
Les cloches de Cantre’r Gwaelod
I’w clywed dan y dwr.
I’w clywed dan y dwr.
Qu’on entend sous les eaux.



O! cenwch, glych fy mebyd,
O! cenwch, glych fy mebyd,
Chantez, cloches de mon enfance,
Ar waelod llaith y lli;
Ar waelod llaith y lli;
Au fond trempé du flot :
Daw oriau bore bywyd
Daw oriau bore bywyd
Du matin de la vie, les heures
Yn #wn y gân i mi;
Yn swn y gân i mi;
Me viennent dans ce chant.
Hyd fedd mi gofia’r tywod
Hyd fedd mi gofia’r tywod
Jusqu’au tombeau, j’aurai mémoire,
Ar lawer nos ddi-#twr,
Ar lawer nos ddi-stwr,
En maintes nuits paisibles,
A chlychau Cantre’r Gwaelod
A chlychau Cantre’r Gwaelod
Des cloches de Cantre’r Gwaelod
Yn canu dan y dwr.
Yn canu dan y dwr.
Qui tintent sous les eaux.

Commentaire
Clychau Cantre’r Gwaelod (Les cloches de Cantre’r Gwaelod) est un poème de John James Williams (1869-1954), J. J. de son nom bardique. Pasteur et poète, il a composé des poèmes profanes, de nombreux hymnes et deux pièces sacrées. Il prit part au concours de poésie de l’Eisteddfod Genedlaethol Cymru (Eisteddfod nationale du Pays de Galles), le plus important des festivals annuels célébrant la culture galloise, et remporta la chaire décernée au meilleur barde en 1906 et en 1908. Plus tard, il participa à l’arbitrage du concours pendant près d’un quart de siècle et le présida en tant qu’archidruide de 1936 à 1939.

Ce poème est bien connu au Pays de Galles. C’est une évocation moderne d’une célèbre légende galloise, attestée pour la première fois au XIIIe siècle dans le Livre Noir de Carmarthen (Llyfr Du Caerfyrddin). La légende sous sa forme tardive raconte qu’il y avait autrefois de vastes étendues de basses terres là où se trouve actuellement la baie de Cardigan (Bae Ceredigion), le grand bras de la mer d’Irlande qui indente la côte ouest du Pays de Galles. Elles avaient pour nom Cantre’r Gwaelod « le Canton du Bas » (un cantref ou centaine était une unité territoriale galloise au Moyen Âge) et pour roi Gwyddno Garanhir (« Long jarret »). Le pays comptait seize cités et était protégé de la mer par une digue et des écluses, dont la garde était confiée à Seithennin. Un soir de banquet, il s’enivra et oublia de fermer les écluses, laissant la mer s’engouffrer et noyer terres et gens ; seul le barde Taliesin en réchappa. Depuis lors, certains croient entendre les cloches des cités submergées tinter faiblement sous la mer...

Le Pays de Galles compte beaucoup de récits semblables de terres submergées par des lacs ou par la mer, et l’on en retrouve aussi en Cornouaille (avec le pays englouti de Lyonesse) et en Bretagne (avec la submersion de la ville d’Ys). Il se peut qu’ils gardent le souvenir d’inondations côtières soudaines, renforcé par l’apparition aux marées de très basses eaux de souches d’anciennes forêts englouties en plusieurs points du littoral gallois. Bien qu’ils n’aient guère été mentionnés comme inspirations possibles de Tolkien, ils rappellent les pays perdus de son légendaire, Beleriand et Númenor. Bien entendu, la source principale de l’histoire de Númenor fut l’Atlantide, de l’aveu même de Tolkien ; mais il présenta une fois Lyonesse (ainsi que Logres, le royaume d’Arthur) comme une inspiration de son autre nom de Westernesse (adapté en français en « Ouistrenesse » chez Francis Ledoux et « Occidentale » chez Daniel Lauzon), dans la Nomenclature of The Lord of the Rings. Par ailleurs, un mystérieux tintement de cloches venu de la mer et rempli de nostalgie joue un grand rôle dans son poème La Cloche marine publié dans Les Aventures de Tom Bombadil. De par ces échos, le poème de J. J. Williams nous a paru tout à fait approprié ici comme illustration du gallois littéraire moderne.

La traduction est nôtre. La transcription du texte imite la minuscule gothique, style courant de l’alphabet latin dans la seconde moitié du Moyen Âge. Nous nous sommes servis de la police _a e i o u de Pia Frauss.

Références
Tolkien, John Ronald Reuel. Nomenclature of The Lord of the Rings. In Hammond, Wayne G., Scull, Christina. The Lord of the Rings: A Reader’s Companion. London: HarperCollins, 2005. P. 750–782. ISBN 0-00-720907-X.
Gwyndaf, Robin. Chwedlau Gwerin Cymru = Welsh Folk Tales. Caerdydd/Cardiff: Amgueddfa Genedlaethol Cymru/National Museum of Wales, 1989. 101/105 p. ISBN 0-7200-0326-1.
Y Bywgraffiadur Cymreig = Dictionary of Welsh Biography. Llundain/London: Anrhydeddus Gymdeithas y Cymmrodorion/The Honourable Society of Cymmrodorion, 1953-2001. 🌍 Llyfrgell Genedlaethol Cymru/The National Library of Wales.

Les œuvres de John Ronald Reuel et Christopher Tolkien sont soumises au droit de leurs auteurs ou de leur ayants droit, dont leurs éditeurs et le Tolkien Estate.
Les citations des autres auteurs, éditeurs et traducteurs mentionnés en bibliographie sont soumises au droit de leurs auteurs respectifs ou de leurs ayants droit, hormis les cas où ces droits ont expiré.
Dernière mise à jour du site : 22 septembre 2022. Nous contacter :