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La mort de Kullervo
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Kullerwo, Kalerwon poika,
Kullervo, Kalervon poika,
Kullervo, fils de Kalervo,
otti koiransa keralle,
otti koiransa keralle,
prend le chien noiraud pour la route,
läksi tietä telkkimähän,
läksi tietä telkkimähän,
il s’en va trailler son chemin
korpehen kohoamahan.
korpehen kohoamahan.
grimper les côtes des forêts.
Käwi matkoa wähäisen,
Kävi matkoa vähäisen,
Il marche un empan de chemin,
a$tui tietä pikkaraisen;
astui tietä pikkaraisen;
un brin de sente en foulées grandes;
tuli tuolle saarekselle,
tuli tuolle saarekselle,
il débouche dans la clairière,
tuolle paikalle tapahtui,
tuolle paikalle tapahtui,
de plain pied sur l’îlot de branches
ku$s’ oli piian pillannunna,
kuss’ oli piian pillannunna,
où naguère il a pris la fille,
turmellut emonsa tuoman.
turmellut emonsa tuoman.
et souillé l’enfant de sa mère.



Siin’ itki ihana nurmi,
Siin’ itki ihana nurmi,
La prairie pleure en herbe belle,
aho armahin walitti,
aho armahin valitti,
la clairière chante à voix douce,
nuoret heinät hellitteli,
nuoret heinät hellitteli,
fanées fraîches, voûtées de peine,
kuikutti kukat kanerwan
kuikutti kukat kanervan
en grand deuil, les fleurs des bruyères,
tuota piian pillamu$ta,
tuota piian pillamusta,
pour la fillette violentée,
emon tuoman turmelu$ta:
emon tuoman turmelusta:
l’enfant de sa mère souillée :
eikä nou$nut nuori heinä,
eikä nousnut nuori heinä,
le foin frais ne lève plus guère,
kaswanut kanerwan kukka,
kasvanut kanervan kukka,
la fleur de la bruyère est close,
ylennyt sijalla sillä,
ylennyt sijalla sillä,
l’herbe reste blottie en terre,
tuolla paikalla pahalla,
tuolla paikalla pahalla,
nulle fleur dans ce mauvais coin
ku$s’ oli piian pillannunna,
kuss’ oli piian pillannunna,
où le fils a souillé sa sœur
emon tuoman turmellunna.
emon tuoman turmellunna.
et gâté le fruit de sa mère.



Kullerwo, Kalerwon poika,
Kullervo, Kalervon poika,
Kullervo, fils de Kalervo,
tempasi teräwän miekan;
tempasi terävän miekan;
prend l’épée tranchante à son poing,
katselewi, kääntelewi,
katselevi, kääntelevi,
la tourne en main, la lorgne en paume,
kyselewi, tietelewi.
kyselevi, tietelevi.
il lui chuchote sa demande.
Kysyi mieltä miekaltansa,
Kysyi mieltä miekaltansa,
Il mande l’avis de l’épée,
tokko tuon tekisi mieli
tokko tuon tekisi mieli
aurait-elle envie par hasard
syöä syylli$tä lihoa,
syöä syyllistä lihoa,
de croquer dans la chair fautive,
wialli$ta werta juoa.
viallista verta juoa.
de laper le sang malfaisant ?



Miekka mietti miehen mielen,
Miekka mietti miehen mielen,
Lors l’épée songe à ses paroles,
arwasi uron pakinan.
arvasi uron pakinan.
elle pense aux mots du gaillard.
Wa$tasi sanalla tuolla:
Vastasi sanalla tuolla:
Puis elle entame sa réponse :
”Mik$’ en söisi mielelläni,
”Miks’ en söisi mielelläni,
« Pourquoi n’aurais-je guère envie
söisi syylli$tä lihoa,
söisi syyllistä lihoa,
de croquer dans la chair fautive
wialli$ta werta joisi?
viallista verta joisi?
et laper le sang du méchef ?
Syön lihoa syyttömänki,
Syön lihoa syyttömänki,
Je croque bien la chair naïve,
juon werta wiattomanki.”
juon verta viattomanki.”
le sang pur à pleines lamées. »



Kullerwo, Kalerwon poika,
Kullervo, Kalervon poika,
Kullervo, fils de Kalervo,
sinisukka äijön lapsi,
sinisukka äijön lapsi,
chausse bleue, l’enfant du tonnerre,
pään on peltohon sysäsi,
pään on peltohon sysäsi,
fiche le pommeau dans le champ,
perän painoi kankahasen,
perän painoi kankahasen,
la garde enfoncée dans la lande,
kären käänti rintahansa,
kären käänti rintahansa,
tournant la pointe vers sa gorge,
itse i$kihe kärelle.
itse iskihe kärelle.
il se jette à cœur sur la pointe.
Siihen surmansa sukesi,
Siihen surmansa sukesi,
Il s’ouvre ainsi pour le trépas,
kuolemansa kohtaeli.
kuolemansa kohtaeli.
les bras déployés vers la mort.



Se oli surma nuoren miehen,
Se oli surma nuoren miehen,
C’était la mort de l’homme jeune,
kuolo Kullerwo urohon,
kuolo Kullervo urohon,
et le trépas de Kullervo,
loppu ainakin uro$ta,
loppu ainakin urosta,
il a trouvé sa fin dernière,
kuolema kowaosai$ta.
kuolema kovaosaista.
la malemort des gens de guigne.



Silloin wanha Wäinämöinen,
Silloin vanha Väinämöinen,
Le vieux Väinämöinen,
kunpa kuuli kuolleheksi,
kunpa kuuli kuolleheksi,
au jour qu’il eut vent de sa mort,
Kullerwon kaonneheksi,
Kullervon kaonneheksi,
le dur trépas de Kullervo,
sanan wirkkoi, noin nimesi:
sanan virkkoi, noin nimesi:
le barde chanta ces mots sages :



”Elkötte, etinen kansa,
”Elkötte, etinen kansa,
« N’allez jamais, gens d’à venir,
la$ta kaltoin kaswatelko
lasta kaltoin kasvatelko
dresser votre enfant de travers
luona tuhman tuuittajan,
luona tuhman tuuittajan,
chez la nourrice, la bégaude,
wierahan wäsyttelijän!
vierahan väsyttelijän!
l’étrangère aux berceuses niaises !
Lapsi kaltoin kaswattama,
Lapsi kaltoin kasvattama,
Le gamin dressé de travers,
poika tuhmin tuuittama
poika tuhmin tuuittama
l’enfant bercé de niaiseries,
ei tule älyämähän,
ei tule älyämähän,
ne gagnera guère en jugeote,
miehen mieltä ottamahan,
miehen mieltä ottamahan,
oncques n’aura le bon sens d’homme
waikka wanhaksi eläisi,
vaikka vanhaksi eläisi,
même s’il vit de vieille vie,
warreltansa wahwi$tuisi.”
varreltansa vahvistuisi.”
s’il pousse dru, de torse fort ! »

Commentaire
Le Kalevala est un poème épique composé par Elias Lönnrot par assemblage de poèmes populaires de la tradition orale finnoise qu’il collecta notamment en Carélie. Une première version fut publiée en 1835, suivie en 1849 d’une édition révisée et considérablement augmentée.

Tolkien découvrit le Kalevala dans la traduction anglaise de William F. Kirby et l’aima aussitôt, au point qu’il finit par apprendre assez de finnois pour le lire dans le texte. Le Kalevala contribua grandement à ce que Tolkien entreprenne la rédaction du Book of Lost Tales, qui devait devenir le Silmarillion, à la fois en lui donnant l’impulsion de départ et en lui fournissant de nombreux motifs narratifs. En particulier, la destinée de Túrin Turambar trouve son origine dans une réécriture de l’histoire d’un des personnages du Kalevala, Kullervo l’infortuné. Nous donnons ici le récit de sa mort, à la fin du trente-sixième chant du Kalevala. On constatera que Tolkien l’a suivi de près dans sa description de la fin de Túrin.

La traduction est de Gabriel Rebourcet, parue en 1991 chez Gallimard.

L’enregistrement a été réalisé par Petri Tikka, un passionné des langues de Tolkien dont le finnois est la langue maternelle. Merci Petri !

Le texte est transcrit en Fraktur, un style d’écriture gothique employé en typographie en Finlande jusqu’à la fin du XIXe siècle. Selon l’usage d’alors, w remplace en Fraktur ce qui s’écrit v en Antiqua (terme générique désignant l’ensemble des styles de l’alphabet latin autres que le gothique, tels qu’employés généralement de nos jours). Nous nous sommes servis de la police Berthold Mainzer Fraktur de Peter Wiegel.

Références
Lönnrot, Elias. Kalevala. 🌍 Project Runeberg.
Lönnrot, Elias. Le Kalevala : Épopée des Finnois. Traduit du finnois, présenté et annoté par Gabriel Rebourcet. Paris : Gallimard, 1991. 2 vol. (L’aube des peuples). ISBN 2-07-072115-9 (vol. 1) & 2-07-072117-5 (vol. 2).

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Dernière mise à jour du site : 22 septembre 2022. Nous contacter :